Une journaliste révèle comment Tinder manipule les rencontres.
Applications de rencontre 13 mai 2019 Pierre 0
Tinder a toujours été très vague concernant son système de matching. Mais nous avons tous déjà entendu parlé de la fameuse note de désirabilité qui serait calculée par le « score Elo ». Entre hypothèses et spéculations, une journaliste et utilisatrice a décidé d’en avoir le cœur net. Après avoir passé 4 ans à décortiquer les entrailles de Tinder, Judith Duportail publie un livre-enquête intitulé « L’amour sous l’algorithme ».
Une oeuvre qui promet de faire du bruit et peut-être même de secouer un peu la planète Tinder. D’ailleurs, quelques semaines après la publication du livre, Tinder annonce qu’il en a finit avec le « score Elo ». Selon la firme américaine « il s’agit d’une technologie dépassée ».
Dans tous les cas, les révélations de Judith Duportail viennent alimenter le débat. Tinder manipule-t-il les rencontres ?
Judith Duportail, journaliste et célibataire sur Tinder.
Judith est journaliste pour le Figaro, pourtant, c’est d’abord pour des raisons personnelles qu’elle décide de mener son enquête. La jeune femme est inscrite sur Tinder depuis un certain temps et lorsqu’elle lit par hasard que l’application lui attribue secrètement une note de désirabilité, elle est choquée. Elle confie que cela lui a rappelé lorsqu’elle avait 14 ans et qu’un garçon lui avait mit la note de 5/10. Mais aujourd’hui Judith est une femme de trente-trois ans et elle est bien décidée à savoir si oui ou non Tinder manipule les rencontres en fonction d’une note.
Vous le savez certainement, en Europe il existe une loi de protection des données. C’est à dire qu’un utilisateur peut exiger à tout moment l’intégralité des informations stockées à son sujet. C’est ce que Judith Duportail a fait. Elle a reçu pas moins de 800 pages. Soit l’équivalent d’un sacré roman.
Lorsqu’on sait que Tinder ne demande que l’âge, le sexe et la localisation géographique, on se demande d’où sortent toutes ses informations ! Vous-vous en doutez certainement, ce sont les réseaux sociaux qui fournissent les principales sources d’information… Cependant, rappelons que si vous souhaitez que l’application ne puisse pas accéder à ces données, vous pouvez utiliser Tinder sans Facebook.
Comment Tinder traite nos données et manipule les rencontres ?
Judith Duportail s’est ainsi rendu compte que Tinder avait accès à sa vie entière via Facebook, Twitter et Instagram. L’application de rencontre analyse absolument tout : les likes, les statuts, le nombre d’amis … Même vos photos sont scannées ! Si l’algorithme détecte beaucoup de photos de paysages, alors vous êtes catégorisé parmi « ceux qui aiment les activités en plein air ».
Par ailleurs, Tinder prend également en compte la façon dont vous utilisez l’application. Mais il ne s’en tient pas à calculer le nombre de swipe à droite reçu. Selon Judith Duportail, l’algorithme calcule même votre QI en fonction des mots que vous utilisez dans vos correspondances.
Au cours de son enquête, la journaliste est également tombée sur un brevet détaillé qui explique comment Tinder manipule les résultats. Il s’agit d’un document de 27 pages qui reprend en détail le fonctionnement du système de notation. Si vous avez envie d’y jeter un œil, il est disponible ici. Mais pour vous faire une petite idée de ce que l’on peut y trouver :
Tinder se réserve le droit d’évaluer ses utilisateurs et utilisatrices sur leur physique, leur intelligence, leur niveau d’études et leurs revenus.
Encore plus inquiétant, dans un passage Tinder explique comment il cherche à créer une impression de destinée : la même date de naissance, ou un lieu de vacance en commun … Une donnée sur laquelle le futur couple puisse se baser et dire « c’était le destin ».
Que répond Tinder ?
Bien entendu, Judith Duportail a immédiatement demandé des explications. Mais Tinder est resté opaque à ses interrogations. La journaliste aurait reçu comme unique réponse que son analyse n’est qu’une mauvaise interprétation des données. Fidèle à elle même, la firme reste donc vague sur le sujet. Par ailleurs, comme je vous le disais en introduction, quelques jours plus tard Tinder affirme sur son blog que le « score Elo » n’est plus utilisé. En revanche, aucun détails n’est donné sur le fonctionnent du nouvel algorithme …
Alors oui, Tinder manipule les rencontres, et selon des critères qui posent des problèmes d’éthique. A notre époque, c’est malheureusement un mal courant. Tout le monde utilise au moins un réseau social et personne ne lis jamais le long texte qui précède le bouton « j’accepte« . Tinder (et les autres) n’a plus qu’à se servir !
Grâce au travail de Judith Duportail, on ne peut plus ignorer ce que fait Tinder de nos informations. A présent, c’est à vous de décider si vous souhaitez continuer l’expérience Tinder ou non.